Petite réflexion sur mon boulot

Publié le par Natus Bidulus

Vous vous rappellez de l'article que j'ai écrit pour la fête d'Halloween organisée à la maison de repos où je travaille? Sinon, il est ici.
Au moment où je le rédigeais, Mon Ptit Mari est passé derrière moi et nous avons entamé une petite conversation...
Il voit cette photo:

Et il me dit:
- "C'est quand même triste de vieillir comme ça"
- "Oui, c'est vrai, beaucoup ne savent même plus marcher"
- "Finalement, c'est un peu un mourroir, là où tu travailles!?"
- "Je n'appellerais pas ça comme ça... Il y en a qui sont là depuis plusieurs années et qui le vivent bien, le plus ancien est là depuis 18 ans... il ne pourrait pas vivre seul"
- "Oui mais c'est sûrement rare, ils ne sont pas tous dans le cas!?"
- "Non, bien sûr que non, il y en a qui restent très peu de temps, qui arrivent dans un tel état qu'il ne reste plus que des soins de confort à leur apporter"
- "Donc, là, c'est bien un mourroir, alors..."
- "Non, je ne veux pas employer ce terme, il est péjoratif. On a eu une discussion avec une collègue à propos des résidents et de ce qu'on leur apporte... On venait de terminer la toilette d'une dame, on l'avait habillée et installée dans sa chaise roulante, on lui avait donné son déjeuner et ma collègue m'a fait remarqué tout ce qu'on avait fait à la place de cette dame... Nous avons pris conscience que si cette dame avait été chez elle, sans aucune aide, elle serait morte par manque de soins, seule, dans son lit, puisqu'elle n'était plus capable d'en sortir seule. Elle a conclu en disant que notre job se résumait un peu à les maintenir en vie..."
- "Ah!!! Donc tu vois, ils survivent, en fait"
- "Oui, c'est ça... pour certains, c'est juste une question de survie. Alors, je ne vais pas dire que c'est un mourroir, je dirais plutôt que c'est une grande salle d'attente.
Tu sais, dans les salles d'attente, il y en a qui ne font rien, certains sont perdus dans leurs pensées et d'autres lisent des magazines pendant que quelques uns restent debouts. Ici, c'est un peu pareil... chez certaines personnes, il faut tout faire, chez d'autres, c'est une aide partielle qu'il faut apporter, alors que chez quelques uns, il ne faut rien faire du tout. Certains participent aux activités proposées sans attendre qu'on vienne les chercher, d'autres ne comprennent même pas le sens de l'invitation.
La seule chose qui uni ces personnes, c'est qu'elles sont toutes là en attendant la fin"
- "C'est triste"
- "Oui, parce qu'ils doivent faire le deuil de leur ancienne vie... Ils passent d'une maison, ou partie de maison, à une chambre où ils ne peuvent mettre qu'un ou 2 meubles personnels dans le meilleur des cas. Ils doivent abandonner leurs souvenirs, ils doivent aussi dire au revoir à l'envie qu'ils avaient de vivre chez l'un de leurs enfants. Certains ne survivent pas à un tel chamboulement dans leur vie... surtout que la plupart viennent après un séjour en clinique qui, lui-même, est la conséquence d'une chute à domicile...
Imagine un peu: tu es chez toi, autonome, mais tu as de temps en temps des petits vertiges... Un jour, tu tombes... Tu restes peut-être plusieurs heures à terre. On te trouve et on t'hospitalise. Après ton hopitalisation, tu espères reprendre ta vie là où tu l'avais laissée. Et bien non, ta famille estime qu'il est trop dangereux pour toi de risquer de tomber à nouveau et surtout, de rester des heures à terre en attendant que quelqu'un passe par hasard et appelle les secours...
Et tu ne retournes plus jamais dans ta maison...
C'est ta famille qui se charge de la vider et de se partager les biens... TES biens...
Il y a de quoi faire une dépression, non???
Et on s'étonne que les personnes âgées sont des grands consommateurs de médicaments anti-dépresseurs..."
- "Moi, je préfèrerais encore mourir dans mon sommeil quand je suis encore bien au lieu de finir la-dedans"
- "Je te comprends tout à fait... il y a un résident qui ne demande qu'à mourir... depuis que je travaille là, il me dit tous les jours qu'il veut mourir, qu'il ne sert plus à rien, qu'il est inutile et qu'il donne du travail aux infirmières. Le plus triste dans l'histoire, c'est qu'il a raison: pourquoi rester quand on en arrive à ce stade... il a 96 ans, il parle de la mort avec beaucoup de sérénité et de lucidité, il a bien réussi sa vie, il a eu 3 enfants qui ont tous une bonne situation, il est au bout de sa vie, il peut partir..."
- "On dirait que tu lui souhaite de mourir..."
- "Et bien... oui... ça peut être choquant, mais c'est ça aussi, aimer les gens et aimer son métier, c'est pouvoir éprouver assez d'empathie pour comprendre ce qu'ils veulent vraiment et leur souhaiter que ça arrive. Donc, s'il veut mourir, je lui souhaite d'y arriver"
- "Tu fais vraiment un drôle de métier"

Publié dans Boulot

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L
Bon, ça y est je sais quel job tu fais. J'ai moi même bossé dans un foyer logement en tant que "gardienne". J'ai eu d'excellents contacts avec certains résidents, moins bons avec d'autres, mais je garde dans l'ensemble un bon souvenir de cette expérience. J'ai quelques souvenirs bien croustillants de mon passage au foyer logement 3la Ramée", à Allevard(38).C'est pas un boulot facile, mais au moins, c'est humain...
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N
<br /> C'est ce que j'aime dans ce boulot: le coté humain<br /> <br /> <br />
C
BONNE JOURNEE BISOUS COLETTE
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N
<br /> <br /> Bonne journée à toi aussi Colette...<br /> <br /> <br /> Bisou...<br /> <br /> <br /> <br />
C
bon mercredi big bisous colette
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C
Trés bonne semaine,bisous colette
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N
<br /> A toi aussi Colette...<br /> Bisou...<br /> <br /> <br />
C
Trés bonne semaine ,bisous colette
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N
<br /> Bonne semaine à toi aussi Colette...<br /> Bisou...<br /> <br /> <br />